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Droit des affaires

La délégation de pouvoir ou délégation de compétence dans les collectivités

La loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République du 7 août 2015, ou loi NOTRe, définit la répartition des compétences des collectivités locales. Une collectivité peut confier une compétence qu’elle détient à une autre collectivité pour plus d’efficacité et de souplesse sur son territoire. Dans ce cas, elle utilise la délégation de pouvoir, appelée aussi délégation de compétence. Voici tout ce qu’il faut savoir.

Délégation de pouvoir ou délégation de compétence ?

Il s’agit de la même chose. La délégation de pouvoir ou délégation de compétence permet à une autorité ou collectivité, appelée délégante, de confier une fonction spécifique ou une partie de ses compétences à une collectivité de son choix, appelée délégataire, pour la représenter lors de ses missions.

Une délégation de pouvoir entraîne le transfert juridique des compétences. Le délégataire prend les décisions en son propre nom. Néanmoins, la collectivité délégante conserve une part de responsabilités et doit donc contrôler le délégataire.

C’est la Loi de réforme des collectivités territoriales du 16 décembre 2010 qui a introduit le principe de délégation de compétences entre collectivités.

Pour la commune, l'article L2122-22 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) fixe le cadre des délégations possibles. C’est le conseil municipal, après délibération, qui décide de déléguer tout ou partie de ses missions au maire. Cette délégation s’applique pour toute la durée du mandat du maire et peut lui être retirée à tout moment par le conseil municipal. Des délégations supplémentaires peuvent lui être ajoutées en cours de mandat.

Pour un EPCI, établissement public de coopération intercommunale, c’est l'article L5211-10 du CGCT qui détermine les modalités de délégation. L’organe délibérant peut déléguer au président, aux vice-présidents ou à l’ensemble des membres du bureau. Toutefois, certaines compétences ne peuvent être déléguées dans un EPCI : décisions liées au budget, aux redevances, à l’approbation des comptes, à la modification des fondements de l’EPCI, à l’adhésion à un établissement public…

Les autres formes de délégation

La délégation de fonction

Lorsqu’elle concerne les missions d’un élu local, on parle de délégation de fonction. Elle permet au maire de se décharger d’une partie ou de la totalité de ses missions auprès d’un ou plusieurs membres du conseil municipal.

Depuis la Loi Engagement et Proximité de 2019, les adjoints ne sont plus prioritaires devant les conseillers municipaux. Le maire peut choisir librement à qui donner délégation, à condition que la personne fasse partie du conseil municipal.

La délégation de fonction peut être associée à une délégation de signature.

La délégation de signature

On parle de délégation de signature lorsqu’un représentant légal missionne une ou plusieurs personnes pour signer des documents en son nom, mais sous son contrôle et sa responsabilité. Il n’y a pas de transfert juridique puisqu’il s’agit uniquement de faciliter l’organisation d’un service en se déchargeant de formalités administratives. Une délégation de signature est personnelle et peut être retirée à tout moment.

Les limites de compétence des collectivités

La Loi 3DS du 21 février 2022, ou loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale, simplifie la délégation de compétences entre collectivités :

  • Les communes sont responsables de la gestion des écoles maternelles et primaires, l’urbanisme, le transport scolaire, la voirie, l’environnement, le logement, la gestion de l’eau et l'assainissement. À noter que certaines de ces compétences sont déléguées obligatoirement à un ou plusieurs EPCI.
  • Les départements s’occupent de la gestion des collèges, l’action sociale, les infrastructures, les aides aux communes.
  • Les régions ont en charge la gestion des lycées, la formation professionnelle, l’aménagement du territoire, les transports non urbains, le développement économique.

Les compétences dans les domaines du sport, de la culture, du tourisme, de la promotion des langues et de l’éducation populaire sont partagées entre ces trois niveaux de collectivités.

Comment faire une délégation de compétence ?

La délégation de compétence ou délégation de pouvoir se fait à l’aide d’un arrêté de délégation. Il doit être le plus détaillé possible sous peine d’être reconnu illégal et frappé de nullité.

Les mentions indispensables :

  • les compétences déléguées
  • la durée de la délégation et les conditions d’un éventuel renouvellement
  • les modalités de contrôle du délégant sur le délégataire
  • les objectifs à atteindre et les indicateurs de suivi
  • le cadre financier, même si la délégation est consentie à titre gratuit
  • les moyens de fonctionnement
  • la mise à disposition de personnel
  • les modalités de résiliation anticipée

L’arrêté de délégation est ensuite transmis à la préfecture puis publié.


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FAQ

Qui peut déléguer des pouvoirs ou des compétences au sein d'une collectivité ?
Au sein d'une collectivité, les autorités compétentes telles que le maire, le président du conseil municipal ou d'autres organes décisionnaires peuvent déléguer des pouvoirs ou des compétences à d'autres membres de l'administration municipale ou à des tiers, sous certaines conditions et dans le cadre des lois et règlements en vigueur.
Quels sont les bénéfices de la délégation de pouvoir ou de compétence pour une collectivité ?
La délégation de pouvoir ou de compétence permet à une collectivité de décentraliser certaines responsabilités et de décharger ses organes dirigeants de tâches spécifiques, ce qui peut améliorer l'efficacité opérationnelle et favoriser une gestion plus souple et réactive des affaires municipales.
Quels types de pouvoirs ou de compétences peuvent être délégués au sein d'une collectivité ?
Au sein d'une collectivité, divers types de pouvoirs ou de compétences peuvent être délégués, notamment la gestion administrative, financière, ou technique, ainsi que la prise de décisions opérationnelles dans des domaines spécifiques tels que l'urbanisme, les services publics, ou la gestion des ressources humaines.
Quelles sont les conditions requises pour qu'une délégation de pouvoir ou de compétence soit valide ?
Pour qu'une délégation de pouvoir ou de compétence soit valide au sein d'une collectivité, elle doit respecter les règles établies par la loi, notamment en ce qui concerne la forme, la durée, les modalités de contrôle et de révocabilité, ainsi que les limites précises des pouvoirs ou compétences délégués.
Quels sont les actes pouvant être pris par le délégataire dans le cadre d'une délégation de pouvoir ou de compétence ?
Le délégataire peut prendre des décisions et des actes administratifs relevant des pouvoirs ou des compétences qui lui ont été délégués, sous réserve de respecter les limites fixées par l'acte de délégation et la législation en vigueur.
Quelles sont les responsabilités du délégant et du délégataire dans le cadre d'une délégation de pouvoir ou de compétence ?
Le délégant conserve la responsabilité générale des actes administratifs accomplis dans le cadre de la délégation, tandis que le délégataire est chargé d'exercer les pouvoirs ou les compétences qui lui ont été confiés dans le respect des directives et des limites fixées par le délégant.
Comment est contrôlée l'exécution des décisions prises par le délégataire dans le cadre d'une délégation de pouvoir ou de compétence ?
L'exécution des décisions prises par le délégataire est généralement contrôlée par le délégant ou par les organes compétents de la collectivité, afin de s'assurer de leur conformité aux directives établies et aux objectifs fixés par la délégation de pouvoir ou de compétence.